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avec quelques vaisseaux légers qu’il avait joints à sa flotte, et se rendit en Cilicie, puis en Chypre. (6) Là il apprit que les habitants d’Antioche et les citoyens romains qui y commerçaient, s’étaient saisis de la citadelle, dans le dessein de l’en exclure, et qu’ils avaient envoyé vers ceux qui, depuis sa défaite, s’étaient retirés dans les villes voisines, pour leur défendre, sous peine de la vie, de venir à Antioche. (7) La même chose était arrivée dans Rhodes à L. Lentulus, qui avait été consul l’année précédente, à P. Lentulus, personnage consulaire, et à plusieurs autres ; aucun de ceux qui, fuyant à la suite de Pompée, avaient abordé dans cette île, ne fut reçu ni dans la ville ni dans le port ; même on leur députa, pour qu’ils eussent à se retirer immédiatement, et on les força de se rembarquer. (8) Le bruit de l’arrivée de César commençait à se répandre dans le pays.

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(1) Informé de ces choses, Pompée renonça au projet d’aller en Syrie, enleva l’argent des compagnies, en emprunta de quelques particuliers, chargea ses vaisseaux de monnaie de cuivre pour la solde des troupes, embarqua deux mille hommes qu’il avait levés, tant parmi les marchands que parmi le domestique des compagnies et parmi ceux de ses partisans qui lui parurent plus propres au service, et se rendit à Péluse. (2) Là se trouvait par hasard le jeune roi Ptolémée, qui, avec des troupes nombreuses, faisait alors la guerre à sa sœur Cléopâtre, que peu de mois auparavant il avait chassée du royaume à l’aide de ses parents et de ses amis. Le camp de Cléopâtre n’était pas éloigné de celui de son frère. (3) Pompée députa vers ce dernier, le priant, au nom de l’hospitalité et de l’amitié qui l’avaient uni à son père, de le recevoir dans Alexandrie et de lui prêter secours dans son malheur. (4) Mais ses envoyés, après avoir rempli leur mission, se mirent à parler un peu trop librement aux soldats du roi, les exhortant à rendre service à Pompée et à ne pas le délaisser dans sa disgrâce. (5) Parmi ceux-ci il y avait plusieurs soldats de Pompée, que Gabinius avait tirés de l’armée de Syrie et amenés à Alexandrie, où, après la guerre, il les avait laissés au service de Ptolémée, père du jeune roi.

Traîtrise des Égyptiens. Mort de Pompée

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(1) Instruits de ces démarches, les favoris auxquels l’administration du royaume avait été confiée, à cause du jeune âge du prince, soit qu’ils craignissent, comme ils dirent dans la suite, que Pompée, après avoir débauché l’armée, ne se rendît maître d’Alexandrie et de l’Égypte, soit qu’ils le dédaignassent dans son infortune (car il arrive souvent dans le malheur que les amis deviennent ennemis), en apparence ils répondirent obligeamment aux députés de Pompée et l’invitèrent à se rendre auprès du roi ; (2) mais, ayant tenu conseil entre eux, ils expédièrent en secret Achillas, préfet du palais, homme entreprenant et hardi, et L. Septimius, tribun militaire, avec ordre de tuer Pompée. (3) Ceux-ci allèrent à sa rencontre avec un air de franchise, surtout Septimius qui était un peu connu de lui comme ayant eu un commandement dans son armée pendant la guerre des pirates ; Pompée entra dans une chaloupe avec quelques-uns des siens, et là il fut tué par Achillas et Septimius. Pareillement L. Lentulus fut arrêté