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sans tirer l’épée ; ce qui nous est facile, étant si supérieurs en cavalerie." (5) En même temps il les exhorta à se tenir prêts, et, puisque enfin ils allaient combattre comme ils l’avaient souvent demandé, à ne point démentir l’opinion que l’on avait conçue de leur expérience et de leur courage.

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(1) Labiénus prend alors la parole, et, affectant de mépriser les troupes de César et d’exalter le projet de Pompée : "Ne crois pas, dit-il, ô Pompée ! que ce soit ici la même armée qui a conquis la Gaule et la Germanie. (2) J’ai assisté à tous les combats, et je ne parle pas à la légère de choses que je ne connais point. Il ne reste plus que la moindre partie de cette armée : la plupart ont péri dans tant de combats, comme cela devait être ; un grand nombre ont été emportés par le mauvais air qui règne pendant l’automne en Italie ; beaucoup se sont retirés chez eux ; beaucoup d’autres ont été laissés sur le continent. (3) N’avez-vous pas vous-mêmes entendu dire que de ceux qui étaient restés malades à Brindes, on a formé des cohortes ? (4) Les troupes que vous voyez sont composées de ces levées que l’on a faites, les années dernières, dans la Gaule citérieure, et le plupart dans les colonies transpadanes. D’ailleurs tout ce qui en faisait la force a péri dans les deux combats de Dyrrachium." (5) Après ce discours il fit serment de ne rentrer au camp que vainqueur, et invita les autres à prêter le même serment. (6) Pompée, qui l’approuvait, se hâta de jurer la même chose, et pas un ne balança à suivre cet exemple. (7) Après cela le conseil se sépara plein de joie et d’espoir : ils croyaient déjà tenir la victoire ; la parole d’un général aussi habile, et dans une circonstance aussi décisive, ne leur permettait aucun doute.

Ordre de bataille de Pompée

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(1) César, s’étant approché du camp de Pompée, observa son ordre de bataille. (2) À l’aile gauche étaient les deux légions nommées la première et la troisième, que César avait envoyées à Pompée au commencement des troubles, en vertu d’un décret du sénat ; c’est là que se tenait Pompée. (3) Scipion occupait le centre avec les légions de Syrie. La légion de Cilicie, jointe aux cohortes espagnoles qu’avait amenées Afranius, était placée à l’aile droite. (4) Pompée regardait ces dernières troupes comme les meilleures. Le reste avait été distribué entre le centre et les deux ailes, et le tout montait à cent dix cohortes, (5) qui faisaient quarante-cinq mille hommes. Deux mille vétérans environ, précédemment récompensés pour leurs services, étaient venus le joindre ; il les avait dispersés dans toute son armée. Les autres cohortes, au nombre de sept, avaient été laissées à la garde de son camp et des forts voisins. (6) Son aile droite était couverte par un ruisseau aux bords escarpés ; aussi avait-il mis toute sa cavalerie, ses archers et ses frondeurs à l’aile gauche.

Ordre de bataille de César

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(1) César, gardant toujours son ancien ordre de bataille, avait placé la dixième légion à l’aile droite, et à la gauche la neuvième, quoique fort affaiblie par les combats de Dyrrachium ; il y joignit la huitième légion, en sorte que les deux réunies n’en faisaient à peu près qu’une, et il leur recommanda de se soutenir l’une l’autre. (2) Il avait en ligne quatre-vingts cohortes,