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et leur promettait toute sûreté. (3) L’un de ces vaisseaux portait deux cent vingt soldats de nouvelles levées ; l’autre, environ deux cents hommes tirés d’une légion de vétérans. (4) On vit alors de quel secours peut être le courage. Les soldats de nouvelles levées, effrayés de cette multitude de vaisseaux, et fatigués par la mer, se rendirent à Otacilius, sous promesse qu’il ne leur serait fait aucun mal. À peine furent-ils en sa présence, qu’au mépris de sa parole, il les fit tous massacrer sous ses yeux. (5) Mais les vétérans, quoique également fatigués de la tempête et des suites de la navigation, n’eurent pas l’idée de démentir leur ancienne valeur ; ils tâchèrent seulement de gagner du temps, en feignant de vouloir capituler et de discuter les conditions ; puis, à la faveur de la nuit, ils obligèrent leur pilote à aller échouer sur la côte, et là, ayant gagné un poste avantageux, ils y passèrent le reste de la nuit. Au point du jour Otacilius envoya contre eux environ quatre cents cavaliers, qui gardaient cette partie de la côte, appuyés d’un certain nombre de soldats de la garnison ; ils se défendirent vaillamment, et, après eu avoir tué plusieurs, rejoignirent nos troupes sans aucune perte.

Débarquement des troupes à Lissus. César opère sa jonction avec elles

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(1) Alors, les citoyens romains établis à Lissus, auxquels César avait confié cette place, après l’avoir fait fortifier, reçurent Antoine, et l’aidèrent de toutes choses. Otacilius, effrayé, s’enfuit de la ville et se retira vers Pompée. (2) Après avoir mis à terre toutes ses troupes, qui consistaient en trois légions de vétérans, en une autre de nouvelles levées, et huit cents chevaux, Antoine renvoya la plupart de ses vaisseaux en Italie pour ramener le reste de la cavalerie et de l’infanterie ; (3) il ne retint à Lissus que quelques embarcations gauloises, afin que si, comme le bruit en courait, Pompée venait à passer en Italie, la croyant dégarnie de troupes, César eût le moyen de l’y suivre. Il eut soin aussi de le faire avertir, sans retard, du lieu où il était débarqué et du nombre de soldats qu’il avait. amenés.

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(1) César et Pompée surent la chose presque en même temps. Ils avaient vu la flotte passer devant Apollonia et Dyrrachium, et avaient suivi par terre la même direction ; mais, pendant les premiers jours, tous deux ignorèrent en quel lieu les troupes avaient débarqué. (2) Quand ils en furent instruits, chacun de son côté prit ses mesures, César pour joindre Antoine au plus tôt, Pompée pour s’opposer à leur jonction et tâcher de les surprendre. (3) Tous deux sortirent le même jour de leur camp et s’éloignèrent de l’Apsus avec leurs troupes, Pompée secrètement et de nuit, César ouvertement et en plein jour. (4) Mais César était forcé de faire un long détour, et de remonter le fleuve pour pouvoir le passer à gué ; Pompée, qui avait le chemin libre et point de fleuve à passer, marchait à grandes journées contre Antoine, (5) et, ayant su qu’il approchait, il choisit un poste avantageux, il plaça ses troupes, les contint dans le camp, et défendit