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exprès de Pompée, dont les ordres lui avaient été portés par Bibulus, et il cherchait à soulever ceux qu’il croyait chargés de dettes. (2) Ne pouvant réussir à rien, il délivra de prison quelques esclaves, et vint, à leur tête, assiéger Compsa, dans le pays des Hirpins. Le préteur Q. Pédius était là avec une légion. Une pierre lancée de dessus la muraille atteignit Milon et le tua. (3) À l’égard de Célius, qui était parti, disait-il, pour aller joindre César, il arriva à Thurii, où il chercha à corrompre quelques-uns des habitants ; ayant voulu séduire, par des offres d’argent, des cavaliers gaulois et espagnols que César avait mis en garnison dans cette ville, il fut tué par eux. (4) Ainsi ces semences de nouveaux troubles, qui, à cause de l’empêchement des magistrats et de l’embarras des circonstances, avaient alarmé l’Italie, furent étouffées promptement et sans peine.

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(1) Libon étant parti d’Oricum avec une flotte de cinquante vaisseaux qu’il commandait, vint à Brindes et s’empara d’une île située à l’entrée du port de cette ville, pensant qu’il valait mieux avoir le seul passage par où nos vaisseaux pussent sortir, que de tenir fermés toutes les côtes et tous les ports. (2) Étant arrivé sans qu’on s’y attendit, il surprit quelques vaisseaux de charge qu’il brûla, en emmena un chargé de blé et jeta la terreur parmi nos troupes ; il mit à terre, pendant la nuit, des soldats et des archers, chassa notre poste de cavalerie, et il sut si bien tirer parti de cette position, qu’il osa mander à Pompée que, si celui-ci voulait, il pouvait mettre à sec et faire radouber les autres vaisseaux ; qu’avec sa flotte seule il intercepterait les convois de César.

Habile tactique d’Antoine ; Libon s’éloigne

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(1) Antoine était alors à Brindes. Comptant sur la valeur des soldats, il fit garnir de claies et de parapets environ soixante chaloupes de grands vaisseaux, y embarqua des hommes d’élite, et les plaça en divers endroits le long de la côte ; ensuite il envoya à l’entrée du port deux trirèmes construites à Brindes, comme pour exercer les rameurs. (2) Libon ne les eut pas plutôt vues s’avancer si hardiment que, dans l’espoir de les prendre, il détacha contre elles cinq galères à quatre rangs de rames. À leur approche nos vétérans se retirèrent vers le port ; les autres, entraînés par leur ardeur, eurent l’imprudence de les suivre. (3) Soudain, à un signal donné, les chaloupes d’Antoine s’élancèrent de toutes parts ; du premier choc elles prirent une de leurs galères avec tous les rameurs et tous les soldats qui la montaient, et obligèrent les autres à fuir honteusement. (4) Pour surcroît de disgrâce, les postes de cavalerie qu’Antoine avait disposés le long de la côte les empêchèrent de faire de l’eau. Libon, désespéré et confus, quitta Brindes et laissa le port libre.

La flotte césarienne opère une nouvelle traversée

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(1) Plusieurs mois s’étaient déjà écoulés ; l’hiver approchait de sa fin, et les vaisseaux et les légions que César attendait de Brindes n’arrivaient point. Il lui semblait que plusieurs occasions favorables avaient été manquées ; car plus d’une fois, à son