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brûla tous sans pitié avec les pilotes et les matelots, dans le but d’effrayer les autres par cette sévérité. (4) Cela fait, il déploya sa flotte en long et en large sur toute la côte, depuis Sasone jusqu’au port de Curicum, et mit des gardes partout, couchant lui-même à bord malgré la rigueur de l’hiver, et ne s’épargnant ni travaux ni fatigues, bien persuadé qu’il n’avait point de grâce à attendre s’il tombait entre les mains de César.

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(1) Après que la flotte liburnienne eut quitté la mer d’Illyrie, M. Octavius vint avec ses vaisseaux à Salone. Là, après avoir soulevé les Dalmates et le reste des Barbares, il détacha les habitants d’Issa du parti de César ; (2) mais, voyant que ni par promesses ni par menaces il ne pouvait ébranler le conseil de Salone, il résolut d’assiéger cette ville. Cette place est, à la vérité, défendue par la nature du terrain et par le coteau sur lequel elle est assise ; (3) mais les citoyens romains qui étaient dedans eurent bientôt élevé des tours de bois qui leur servirent de fortifications ; et comme ils ne pouvaient résister, étant en trop petit nombre et accablés de blessures, ils eurent recours aux moyens extrêmes, affranchirent tous les esclaves en âge de porter les armes, et ayant coupé les cheveux de toutes les femmes, en firent des cordes pour les machines. (4) Octavius, voyant leur résolution, forma cinq camps autour de la place, et commença à l’investir et à la presser vivement.(5) Les assiégés, disposés d’ailleurs à tout souffrir, manquaient absolument de vivres. Ils envoyèrent donc des députés à César pour lui demander du secours, résolus à supporter de leur mieux les autres maux. (6) Cependant, après un certain temps écoulé, comme la longueur du siège avait rendu les ennemis moins vigilants, les assiégés choisirent l’heure de midi, moment où les soldats étaient dispersés, mirent leurs femmes et leurs enfants sur le rempart, afin qu’on ne remarquât pas de changement, et prenant avec eux les esclaves qu’ils venaient d’affranchir, ils tombèrent tons ensemble sur le premier camp d’Octavius. (7) Ils le forcent ; du même choc ils emportent le second, puis le troisième, le quatrième, et ensuite le dernier ; enfin, ils chassèrent les ennemis de tous leurs camps, et, après en avoir tué un grand nombre, ils obligèrent le reste et Octavius même à se rembarquer. Telle fut l’issue de ce siège. (8) Et comme déjà l’hiver approchait, et qu’après tant de pertes, Octavius désespérait de prendre la ville, il se retira, à Dyrrachium, auprès de Pompée.

César fait de nouvelles tentatives pour négocier

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(1) On a vu que L. Vibullius Rufus, préfet de Pompée, était tombé deux fois au pouvoir de César, qui, deux fois, l’avait relâché : la première à Corfinium, la seconde en Espagne. (2) César avait pensé que ce double bienfait disposerait Rufus à porter des paroles d’accommodement à Pompée, auprès duquel il lui savait du crédit. (3) Or César disait en somme, dans ce message, ceci : qu’ils devaient l’un et l’autre mettre fin à leur querelle, mettre bas les armes, et renoncer à courir