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d’infidélité, Lorsqu’il se retira, tous le prièrent de se rassurer, de ne pas hésiter à livrer bataille, et de mettre à l’épreuve leur fidélité et leur courage. Ayant remarqué cet heureux changement des esprits, Curion résolut d’en venir aux mains a la première occasion. Dès le lendemain il fait sortir ses troupes, et les Fange dans le mémé lieu que les jours précédents. Attius Varus, de son côté, n’hésite pas à l’imiter, ne voulant pas manquer l’occasion de débaucher les soldats de turion, ou de combattre dans une position avantageuse.

Victoire des Césariens

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(1) Entre les deux armées était, comme on l’a dit, un vallon de médiocre étendue, et d’une pente raide et difficile. Chacun attendait que l’ennemi le traversât, afin de pouvoir attaquer avec avantage. (2) On vit bientôt toute la cavalerie de l’aile gauche de Varus, entremêlée d’infanterie légère, descendre le vallon. (3) Curion envoya contre eux sa cavalerie, avec deux cohortes de Marrucins : les cavaliers ennemis ne purent en soutenir le choc et s’enfuirent à toute bride vers les leurs ; ainsi délaissée, l’infanterie légère était enveloppée et taillée en pièces par les nôtres. Toute l’armée de Varus, les yeux tournés sur les siens, voyait leur fuite et leur massacre. (4) Alors Rébilus, lieutenant de César, et que Curion avait amené avec lui de Sicile parce qu’il le savait consommé dans l’art militaire : Curion, dit-il, tu vois l’ennemi étonné ; que tardes-tu à profiter de l’occasion ? (5) Curion ne dit qu’un mot aux soldats pour leur rappeler ce qu’ils lui ont promis la veille, leur commande de le suivre, et s’élance à leur tête. La pente du vallon était si raide que les premiers ne pouvaient guère le monter sans être soutenus. (6) Mais les soldats de Varus, préoccupés, intimidés par la fuite et le massacre des leurs, ne songeaient pas à se défendre et se croyaient déjà enveloppés par notre cavalerie. Ainsi, sans attendre que les nôtres fussent à la portée du trait, ou qu’ils eussent approché davantage, toute cette armée tourna le dos et se retira dans son camp.

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(1) Pendant cette déroute, un certain Fabius, Pélignien, simple soldat dans l’armée de Curion, ayant atteint la tête des fuyards, cherchait Varus en l’appelant à haute voix par son nom, comme s’il eût été un de ses soldats et qu’il eût voulu lui donner quelque avis. (2) Celui-ci, s’entendant nommer plusieurs fois, regarde, s’arrête, et lui demande qui il est et ce qu’il veut ; sur quoi le soldat lui porte un coup d’épée sur l’épaule, qui était découverte, et il l’aurait tué si Varus n’eût paré le coup avec son bouclier. Fabius fut enveloppé et tué par des soldats qui étaient proches. (3) La foule immense des fuyards obstrue les portes du camp et encombre le passage ; ils s’y étouffent, et il en périt là un plus grand nombre que dans le combat ou dans la fuite. Peu s’en fallut qu’on ne les chassât aussi du camp, et même plusieurs, sans s’arrêter, coururent droit à Utique. (4) Mais comme la position naturelle du camp et les fortifications qui l’entouraient en défendaient l’entrée, et que nos troupes, qui n’étaient armées que pour le combat, manquaient de tout ce qui est nécessaire à l’attaque d’un camp, (5) Curion se détermina à les ramener