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mais ne trouvait personne qui voulût en être : chacun, effrayé, refusait d’encourir les risques. (2) En effet, Pompée, à son départ, avait dit dans le sénat qu’il ne ferait aucune différence entre les citoyens qui resteraient à Rome et ceux qui iraient au camp de César. (3) Ainsi trois jours se passent en discussions et en excuses. De plus, L. Métellus, tribun du peuple, est suscité par les ennemis de César pour écarter sa proposition et entraver tous ses autres desseins. (4) S’en étant aperçu, César, après quelques jours de sollicitations inutiles, ne voulant pas perdre le temps qui lui reste, part de Rome sans avoir rien terminé, et se rend dans la Gaule ultérieure.

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(1) À son arrivée, César apprit que Pompée avait envoyé en Espagne Vibullius Rufus, que peu de jours auparavant on avait pris à Corfinium et relâché par son ordre ; (2) qu’en outre, Domitius était parti pour aller se jeter dans Marseille avec sept galères qu’il avait enlevées par force à des particuliers dans l’île d’Igilium et dans le Cosanum, et qu’il avait remplies de ses esclaves, de ses affranchis, et de colons de ses terres ; (3) et en outre, que Pompée, à son départ de Rome, avait expédié devant lui, comme députés, dans leur patrie, de jeunes Marseillais de nobles familles, en les exhortant à ne pas oublier ses anciens bienfaits pour les obligations plus récentes qu’ils pouvaient avoir à César. (4) Conformément à ces instructions, les Marseillais avaient fermé leurs portes à César, en appelant à leur secours les Albiques, peuple sauvage qui, de tout temps, leur était dévoué et qui habitait les montagnes au-dessus de Marseille ; (5) ils avaient fait entrer dans leur ville tout le blé des contrées et des châteaux du voisinage, avaient établi des fabriques d’armes, et réparaient leurs murailles, leurs portes, leurs navires.

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(1) César mande quinze des principaux Marseillais ; il les engage à n’être pas les premiers à commencer la guerre, leur remontrant qu’ils doivent plutôt suivre le sentiment de toute l’Italie que de déférer à la volonté d’un seul. (2) Il ajoute à cela tout ce qu’il croit capable de les guérir de leur témérité. (3) Les députés reportent ces paroles à leurs concitoyens, et, par leur ordre, reviennent dire à César : "Que voyant le peuple romain divisé en deux partis, ils ne sont ni assez éclairés, ni assez puissants pour décider laquelle des deux causes est la plus juste ; (4) que les chefs de ces partis, Cn. Pompée et C. César, sont l’un et l’autre les patrons de leur ville ; que l’un leur a publiquement accordé les terres des Volques Arécomiques et des Helviens ; et que l’autre, après avoir soumis les Gaules, a aussi augmenté leur territoire et leurs revenus. (5) En conséquence ils doivent pour des services égaux témoigner une reconnaissance égale, ne servir aucun des deux contre l’autre, ne recevoir ni l’un ni l’autre dans leur ville et dans leurs ports.

Début du siège de Marseille

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(1) Pendant que ces choses se passent, Domitius arrive à Marseille avec ses vaisseaux, et, reçu par les habitants, prend le commandement de la ville. On lui donne aussi la conduite de la guerre. (2) Par son ordre ils expédient leur flotte dans toutes les directions, vont chercher de côté et d’autre