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sans être prêt en rien, a commencé une guerre sans nécessité, en affirmant dans le sénat, devant lui et les autres, sur leur demande, qu’il avait pourvu à tout. Après avoir exhalé ces plaintes, Caton s’enfuit de son gouvernement.

(1) Valérius et Curion arrivent avec leurs troupes, l’un en Sardaigne, l’autre en Sicile. Ils trouvent ces deux provinces sans commandants. (2) À l’arrivée de Tubéron en Afrique, la province était occupée par Attius Varus, qui, comme on l’a dit, après la perte de ses cohortes à Auximum, s’était retiré en Afrique. N’ayant trouvé personne qui y commandât, il s’en était emparé, y avait fait des levées, et formé deux légions ; ce qui ne lui avait pas été trop difficile, connaissant les hommes et les localités de cette province, dont, peu d’années auparavant, il avait été gouverneur au sortir de sa préture. (3) II refusa à Tubéron, qui arrivait avec sa flotte, l’entrée du port et de la ville d’Utique, ne lui permit pas même de mettre à terre son fils qui était malade, et le força de lever l’ancre et de se retirer.

César à Rome

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(1) Cela fait, César, pour donner du repos à ses troupes, les distribue dans les villes municipales voisines ; quant à lui, il part pour Rome. (2) Après y avoir assemblé le sénat, il rappelle les outrages de ses ennemis. "Il n’a, dit-il, sollicité aucune faveur extraordinaire ; il a attendu le temps prescrit pour briguer le consulat, se contentant de prendre les voies qui sont ouvertes à tous les citoyens ; (3) et il a été soutenu par les dix tribuns du peuple, qui, malgré ses ennemis et la résistance de Caton, accoutumé à perdre le temps en vains discours, ont ordonné que justice lui fût rendue en son absence, sous le consulat même de Pompée. Si ce dernier n’approuvait pas le décret, pourquoi l’a-t-il laissé rendre ? S’il l’approuvait, pourquoi empêcher César de profiter de la bienveillance du peuple romain ? (4) César parla de sa modération : il avait demandé de son propre mouvement qu’on licenciât les armées, quelque tort que cela dût faire à sa considération et à son honneur. (5) Il montra l’acharnement de ses ennemis, qui exigeaient de lui une chose à laquelle ils ne voulaient pas se soumettre, et qui aimaient mieux voir tout bouleverser que de renoncer au commandement des troupes et au pouvoir. (6) Il représenta l’injustice avec laquelle on lui avait ôté deux légions, la cruauté et l’insolence avec laquelle on avait poursuivi les tribuns du peuple, les offres qu’il avait faites, les entrevues demandées par lui, et refusées. (7) En conséquence, il priait et conjurait les sénateurs de prendre en main la république et de la gouverner avec lui. Si la crainte les en détournait, il ne leur serait pas à charge et gouvernerait seul la république. (8) Il faut députer vers Pompée pour traiter d’un accommodement. II n’a pas les préventions que Pompée a exprimées naguère dans le sénat, en disant que députer vers un homme c’est reconnaître son autorité ou témoigner qu’on le craint. (9) De tels sentiments sont, à ses yeux, d’une âme petite et faible ; et pour lui, comme il s’est appliqué à se distinguer par ses exploits, il veut aussi surpasser les autres en droiture et en équité."

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(1) Le sénat approuva l’envoi d’une députation ;