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J. CÉSAR.

(7). Les Gaulois n’aimaient pas les rois imposés par les étrangers. Napoléon.

(8). Ce Cn. Pompée le fils ainé du grand Pompée et le frère de Sextus. Il périt en Espagne après la bataille de Munda.

(9). Les Romains avaient pour maxime de ne point accepter de conditions dictées par un ennemi sous les armes, et nous voyons (même livre, c. li), Q. Cicéron l’observer au milieu du plus grand danger.

(10). Le massacre des légions de Sabinus est le premier échec considérable que César ait reçu en Gaule. Napoléon.

(11). L’habillement commun a toutes les tribus de la Gaule se composait d’un pantalon ou braie (braca, braga, brykan, cynir. bragu, armor.), très large chez les Belges, plus étroit chez les galls méridionaux ; d’une chemise a manches, d’étoffe rayée, descendant au milieu des cuisses, et d’une casaque ou saie (sagum-sae, armor.), rayée comme la chemise ou bariolée de fleurs, de disques, de figures de toute espèce ; et, chez les riches, superbement brodée d’or et d’argent : elle couvrait le dos et les épaules, et s’attachait sous le menton avec une agrafe en métal. Les dernières classes du peuple la remplaçaient par une peau de bête fauve ou de mouton, ou par une espèce de couverture en laine grossière, appelée dans les dialectes gallo-kimriques linn ou lenn ; lein (gaël.) ; une casaque de soldat, (armstr. dict. Len armor.), une couverture. (Histoire des Gaulois, part. 2. chap. I.)

(12). Les Gaulois nommaient cateïes ces dards enflammés. En langue gallique gath-teh a cette signification (Armstr. gaël. dict.).

(13). Au moment où la dépêche partit du camp de Cicéron, il y avait plus de sept jours que le siège était commencé, il y en avait au moins douze que le corps d’armée de Sabinius et de Cotta avait été détruit ; et cependant César n’avait encore aucune nouvelle ni de l’un ni de l’autre événement ; il ne les apprit que par la lettre de Cicéron. Ce fait qu’on rejetterait comme incroyable, si César lui-même ne l’attestait (c. 45, 46) ne peut s’expliquer que par une interruption rigoureuse des communications dans les cités de la Belgique, même dans celles qui restaient encore paisibles ; ce qui dénotait un accord effrayant, pour les Romains, entre presque toutes les nations du Nord. À la lecture de la dépêche, César fut saisi d’une violente douleur, il jura de ne plus couper sa barbe ni ses cheveux, que le meurtre de ses deux lieutenants et le désastre de leurs armées ne fussent pleinement vengés. Suéton Jul. Cæs. n. 67. (Histoire des Gaulois, part, ii. ch. 7).

(14). Cette lettre était conçue en ces termes : Καῖσαρ Κιϰέρωνι, θαρῥεῖν· προσδέχου βόηθειαν, ce qui peut être rendu en latin par ces mots : Cæsar Ciceroni : Euge, exspecta auxilium.

(15). On voit encore, dans plusieurs endroits de ses Mémoires, que César avait coutume de tout incendier sur son passage.

(16). Cicéron a défendu pendant plus d’un mois avec cinq mille hommes, contre une armée dix fois plus forte, un camp retranché qu’il occupait depuis quinze jours ; serait-il possible aujourd’hui d’obtenir un pareil résultat ?

Les bras de nos soldats ont autant de force et de vigueur que ceux des anciens Romains : nos outils de pionniers sont les mêmes ; nous avons un agent de plus, la poudre. Nous pouvons donc élever des remparts, creuser des fosses, couper des bois, bâtir des tours en aussi peu de temps et aussi bien qu’eux ; mais les armes offensives des modernes ont une toute autre puissance et agissent d’une manière toute différente que les armes offensives des anciens.

Les Romains doivent la constance de leurs succès à la méthode dont ils ne se sont jamais départis, de se camper tous les soirs dans un camp fortifié, de ne jamais donner bataille sans avoir derrière eux un camp retranché pour leur servir de retraite et renfermer leurs magasins, leurs bagages et leurs blessés. La nature des armes dans ces siècles était telle, que dans ces camps ils étaient non-seulement à l’abri des insultes d’une armée égale, mais même d’une armée supérieure ; ils étaient les maîtres de combattre ou d’attendre une occasion favorable. Marius est assailli par une nuée de Cimbres et de Tenions ; il s’enferme dans son camp, y demeure jusqu’au jour où l’occasion se présente favorable) ; il sort alors précédé par la victoire. César arrive près du camp de Cicéron ; les Gaulois abandonnent celui-ci et marchent à la rencontre du premier : ils sont quatre fois plus nombreux. César prend position en peu d’heures, retranche son camp, y essuie patiemment les insultes et les provocations d’un ennemi qu’il ne veut pas combattre encore ; mais l’occasion ne tarde pas â se présenter belle ; il sort alors par toutes les portes : les Gaulois sont vaincus.

Pourquoi donc une règle si sage, si féconde en grands résultats, a t-elle été abandonnée par les généraux modernes ? Parce que les armes offensives ont changé de nature ; les armes de main étaient les armes principales des anciens ; c’est avec sa courte épée que le légionnaire a vaincu le monde ; c’est avec la pique macédonienne qu’Alexandre a conquis l’Asie. L’arme principale des armées modernes est l’arme de jet, le fusil, cette arme supérieure à tout ce que les hommes ont jamais inventé : aucune arme défensive ne peut en parer l’effet ; les boucliers, les cottes de mailles, les cuirasses, reconnus impuissants ont été abandonnés. Avec cette redoutable machine, un soldat peut, en un quart-d’heure, blesser ou tuer soixante hommes ; il ne manque jamais de cartouches, parce qu’elles ne pèsent que six gros ; la balle atteint à cinq cents toises ; elle est dangereuse à cent vingt toises, très-meurtrière à quatre-vingt-dix toises.

De ce que l’arme principale des anciens était l’épée ou la pique, leur formation habituelle a été l’ordre profond. La légion et la phalange, dans quelque situation qu’elles fussent attaquées, soit de front, soit par le flanc droit ou par le flanc gauche, faisaient face partout sans aucun désavantage ; elles ont pu camper sur des surface » de peu d’étendue, afin d’avoir moins de peine à en fortifier les pourtours, et pouvoir se garder avec le plus petit détachement. Une armée consulaire, renforcée par des troupes légères et des auxiliaires, forte de vingt-quatre mille hommes d’infanterie, de dix-huit cents chevaux, et tout près de trente mille hommes, campait dans un carré de trois cent trente toises de côté, ayant treize cent quarante-quatre toises de pourtour ou vingt et un hommes par toise ; chaque homme portant trois pieux ou soixante-trois pieux par toise courante. La surface du camp était de onze mille toises carrées, trois toises et demie par hommes, en ne comptant que les deux tiers des hommes, parce qu’au travail cela donnait quatorze travailleurs par toise courante : en travaillant chacun trente minutes au plus, ils fortifiaient leur camp et le mettaient hors d’insulte.

De ce que l’arme principale des modernes est l’arme de jet, leur ordre habituel a dû être l’ordre mince, qui seul leur permet de mettre en jeu toutes leurs machines de jet. Ces armes atteignent à des distances très-grandes.