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l’arrivée de César, avaient eu pour chef dans leur guerre contre les Séquanes.

LXVIII. Voyant toute sa cavalerie en fuite, Vercingétorix fit rentrer les troupes qu’il avait rangées en avant du camp, et prit aussitôt le chemin d’Alésia[1], qui est une ville des Mandubes[2], après avoir fait, en toute hâte, sortir du camp les bagages, qui le suivirent. César laissa ses équipages sur un coteau voisin, les commit à la garde de deux légions, poursuivit l’ennemi tant que le jour dura, lui tua environ trois mille hommes de l’arrière-garde, et campa le lendemain devant Alésia. Ayant reconnu la situation de la ville, et voyant les ennemis consternés de la défaite de leur cavalerie, qu’ils regardaient comme la principale force de leur armée, il exhorta les siens au travail et fit commencer les lignes de circonvallation.

LXIX. Cette place (17) était située au sommet d’une montagne, dans une position si élevée qu’elle semblait ne pouvoir être prise que par un siège en règle. Au pied de cette montagne coulaient deux rivières[3] de deux côtés différents. Devant la ville s’étendait une plaine d’environ trois mille pas de longueur ; sur tous les autres points, des collines l’entouraient, peu distantes entre elles et d’une égale hauteur. Sous les murailles, le côté qui regardait le soleil levant était garni, dans toute son étendue, de troupes gauloises ayant devant elles un fossé et une muraille sèche de six pieds de haut (18). La ligne de circonvallation formée par les Romains occupait un circuit de onze mille pas. Notre camp était assis dans une position avantageuse, et l’on y éleva vingt-trois forts, dans lesquels des postes étaient placés pendant le jour pour prévenir toute attaque subite ; on y tenait aussi toute la nuit des sentinelles et de fortes garnisons.

LXX. Pendant les travaux, il y eut un combat de cavalerie dans cette plaine de trois mille pas qui s’étendait dans l’intervalle laissé libre entre les collines, comme nous l’avons dit plus haut. L’acharnement fut égal de part et d’autre. Les nôtres commençant à souffrir, César envoya les Germains pour les soutenir, et plaça les légions en avant du camp, en cas que l’infanterie ennemie fit subitement quelque tentative. Cet appui des légions releva le courage de nos cavaliers ; les Gaulois mis en fuite s’embarrassent par leur nombre et s’entassent aux portes trop étroites qui leur restent. Alors les Germains les poursuivent vivement jusqu’à leurs retranchements ; on en fait un grand carnage. Plusieurs abandonnant leurs chevaux, essaient de traverser le fossé et de franchir le mur. César fait faire un mouvement en avant aux légions qu’il avait placée à la tête du camp. Ce mouvement porte l’effroi parmi les Gaulois même ceux qui étaient à l’intérieur des retranchements ; croyant qu’on arrive sur eux, ils crient aux armes ; quelques-uns se précipitent tout effrayés dans la ville. Vercingétorix fait fermer les portes, de peur que le camp ne soit tout à fait abandonné. Ce ne fut qu’après avoir tué beaucoup de monde et pris un grand nombre de chevaux, que les Germains se retirèrent.

  1. Aujourd’hui : Alise.
  2. Peuple de l’Auxois.
  3. La Loz et l’Ozeran : Lutosa et Osera.