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aisé ; car cette grêle de pierres et de traits rendait toute résistance impossible du haut des remparts. Lorsque la nuit eut mis fin à l’attaque, le Rème Iccios, homme d’une haute naissance et d’un grand crédit, qui commandait alors dans la place, et un de ceux qui avaient été députés vers César pour traiter de la paix, lui dépêcha des courriers pour l’informer que s’il n’était promptement secouru, il ne pouvait tenir plus longtemps.

VII. Vers le milieu de la nuit, César fit partir, sous la conduite des mêmes hommes que lui avait envoyés Iccios, des Numides, des archers crétois et des frondeurs baléares. Leur arrivée ranima l’espoir des assiégés, leur inspira l’ardeur de se défendre, et enleva en même temps aux ennemis l’espérance de prendre la place. Ils restèrent quelque temps à l’entour, dévastèrent la campagne, brûlèrent les bourgs et les maisons qui se trouvaient sur leur route, se dirigèrent avec toutes leurs troupes vers le camp de César, et placèrent le leur à moins de deux mille pas. On pouvait conjecturer, d’après les feux et la fumée, qu’il avait une étendue de plus de huit mille pas.

VIII. César résolut d’abord, à cause du grand nombre des ennemis et de la haute idée qu’il avait de leur courage, de différer la bataille. Chaque jour cependant, par des combats de cavalerie, il éprouvait la valeur de l’ennemi et l’audace des siens. Quand il se fut assuré que les nôtres ne lui étaient point inférieurs, il marqua le champ de bataille, en avant du camp, dans une position naturellement avantageuse ; la colline sur laquelle était placé le camp s’élevait insensiblement au-dessus de la plaine, et offrait autant d’étendue qu’il en fallait pour y déployer les troupes ; elle s’abaissait à gauche et à droite, et se relevait vers le centre par une légère éminence qui redescendait en pente douce vers la plaine. À l’un et l’autre côté de cette colline, César fit creuser un fossé transversal d’environ quatre cents pas ; aux deux extrémités, il éleva des forts et y plaça des machines de guerre, afin d’empêcher que des ennemis si supérieurs en nombre ne vinssent le prendre en flanc et l’envelopper pendant le combat. Cela fait, il laissa dans le camp les deux légions qu’il avait levées récemment, pour servir au besoin de réserve, et rangea les six autres en bataille devant le camp. L’ennemi avait aussi fait sortir ses troupes et formé ses lignes.

IX. Il y avait un marais peu étendu entre notre armée et celle des ennemis. Ils attendaient que les nôtres le traversassent ; nos troupes de leur côté, sous les armes, se tenaient prêtes à attaquer les Belges, s’ils s’engageaient les premiers dans le passage. Cependant la cavalerie engageait le combat de part et d’autre. Aucun des deux partis ne voulant passer le premier, César, après le succès d’une charge de cavalerie, fit rentrer ses légions dans le camp. Aussitôt les ennemis se dirigèrent vers la rivière d’Aisne, qui était, comme nous l’avons dit, derrière nous. Ayant trouvé des endroits guéables ils essayèrent d’y faire