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cent mille hommes sous les armes : ils en avaient promis soixante mille d’élite et demandaient la direction de toute la guerre. Les Suessions, leurs voisins, possédaient un territoire très étendu et très fertile ; ils avaient eu pour roi, de notre temps encore, Diviciacos, le plus puissant chef de la Gaule, qui à une grande partie de ces régions joignait aussi l’empire de la Bretagne[1]. Galba (1) était maintenant leur roi, et le commandement lui avait été déféré d’un commun accord, à cause de son équité et de sa sagesse. Ils possédaient douze villes, et avaient promis cinquante mille hommes. Autant en donnaient les Nerves[2], réputés les plus barbares d’entre ces peuples, et placés à l’extrémité de la Belgique ; les Atrébates[3] en fournissaient quinze mille ; les Ambiens[4] dix mille ; les Morins[5], vingt-cinq mille ; les Ménapes[6], neuf mille ; les Calétes[7], dix mille ; les Vélocasses[8] et les Veromandues[9] le même nombre ; les Aduatiques[10], dix-neuf mille ; les Condruses[11], les Éburons[12], les Cérèses et les Pémanes[13], compris sous la dénomination commune de Germains, devaient en envoyer quarante mille.

V. César encouragea les Rèmes par des paroles bienveillantes, et exigea que leur sénat se rendît auprès de lui, et que les enfants des familles les plus distinguées lui fussent amenés en otages ; ce qui fut ponctuellement fait au jour indiqué. Il anime par de vives exhortations le zèle de l’Héduen Diviciacos ; et lui représente combien il importe à la république et au salut commun de diviser les forces de l’ennemi, afin de n’avoir pas une si grande multitude à combattre à la fois. Il suffit pour cela que les Héduens fassent entrer leurs troupes sur le territoire des Bellovaques et se mettent à le ravager. César fait partir Diviciacos avec cette commission. Dès qu’il apprit par ses éclaireurs et par les Rèmes, que les Belges marchaient sur lui avec toutes leurs forces réunies et n’étaient déjà plus qu’à peu de distance, il se hâta de faire passer à son armée la rivière d’Aisne, qui est à l’extrême frontière des Rèmes, et assit son camp sur la rive. De cette manière, la rivière défendait un des côtés du camp ; ce qui était à la suite de l’armée se trouvait à l’abri des atteintes de l’ennemi ; et le transport des vivres qu’envoyaient les Rèmes et les autres peuples pouvait s’effectuer sans péril. Sur cette rivière était un pont. Il y plaça une garde, et laissa sur l’autre rive Q. Titurius Sabinus, son lieutenant, avec six cohortes : il fit fortifier le camp d’un retranchement de douze pieds de haut et d’un fossé de dix-huit pieds de profondeur.

VI. À huit mille pas de ce camp était une ville des Rèmes, appelée Bibrax. Les Belges dans leur marche l’attaquèrent vivement. Elle se défendit tout le jour avec peine. Leur manière de faire les sièges est semblable à celle des Gaulois. Lorsqu’ils ont entièrement entouré la place avec leurs troupes, ils lancent de tous côtés des pierres sur le rempart ; quand ils en ont écarté ceux qui le défendent, ils forment la tortue, s’approchent des portes et sapent la muraille. Cela était alors

  1. L’Angleterre.
  2. Peuple du Hainant et du midi de la Flandre.
  3. De l’Artois.
  4. De la Picardie.
  5. Du Boulonnais.
  6. Peuple de la Gueldre, du duché de Clèves et du Brahaut hollandais.
  7. Du pays de Caux, en Normandie.
  8. Peuple du Vexin.
  9. Du Vermandois.
  10. De la province de Namur.
  11. Du Condrotz.
  12. Du pays Liégois.
  13. De la province du Luxembourg.