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ment Le jeune P. Crassus, qui commandait la cavalerie, s’en aperçut, et plus libre que ceux qui étaient engagés dans la mêlée, il envoya la troisième ligne au secours de nos légions ébranlées.

LIII. Le combat fut ainsi rétabli ; tous les ennemis prirent la fuite, et ne s’arrêtèrent qu’après être parvenus au Rhin à cinquante mille pas environ du champ de bataille ; quelques-uns, se fiant à leurs forces, essayèrent de le passer à la nage, d’autres se sauvèrent sur des barques ; de ce nombre fut Arioviste qui, trouvant une nacelle attachée au rivage, s’échappa ainsi (24). Tous les autres furent taillés en pièces par notre cavalerie qui s’était mise à leur poursuite. Arioviste avait deux femmes (25), la première, Suève de nation, qu’il avait amenée avec lui de sa patrie ; la seconde, native du Norique, sœur du roi Voccion, et qu’il avait épousée dans la Gaule, quand son frère la lui eut envoyée ; toutes deux périrent dans la déroute. De leurs filles, l’une fut tuée et l’autre prise. C. Valérius Procillus était entraîné, chargé d’une triple chaîne, par ses gardiens fugitifs. Il fut retrouvé par César lui-même qui poursuivait l’ennemi, à la tête de la cavalerie. Cette rencontre ne lui causa pas moins de plaisir que la victoire même ; l’homme le plus considéré de la province, son ami et son hôte, était arraché des mains des ennemis et lui était rendu ; la fortune n’avait pas voulu troubler par une telle perte sa joie et son triomphe. Procillus lui dit qu’il avait vu trois fois consulter le sort pour savoir s’il serait immédiatement brûlé ou si on renverrait son supplice à un autre temps ; et que le sort favorable l’avait sauvé. M. Métius fut aussi rejoint et ramené à César (26).

LIV. Le bruit de cette victoire étant parvenu au-delà du Rhin, les Suèves, qui étaient déjà arrivés sur les bords de ce fleuve, regagnèrent leur pays. Les habitants de la rive, les voyant épouvantés, les poursuivirent et en tuèrent un grand nombre. César, après avoir ainsi terminé deux grandes guerres en une seule campagne, conduisit l’armée en quartier d’hiver chez les Séquanes, un peu plus tôt que la saison ne l’exigeait. Il en confia le commandement à Labiénus et partit pour aller tenir les assemblées dans la Gaule citérieure.



LIVRE DEUXIÈME.

I. Pendant que César était, comme nous l’avons dit, en quartier d’hiver dans la Gaule citérieure, les bruits publics lui apprirent et les lettres de Labiénus lui confirmèrent que les Belges, formant, comme on a vu, la troisième partie de la Gaule, se liguaient contre le peuple romain et se donnaient mutuellement des otages. Cette coalition avait diverses causes ; d’abord, ils craignaient qu’après avoir pacifié toute la Gaule, notre armée ne se portât sur leur territoire ; en second lieu, ils étaient sollicités par un grand nombre de Gaulois : ceux qui n’avaient pas voulu supporter le séjour des Germains en Gaule, voyaient aussi avec peine l’armée des Romains hiverner dans le pays et y rester à demeure : d’autres, par in-