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pire par des royaumes et des t(îlrarcliies , cppeiidant , sur le bruit de mes richesses et de ma résolutiou de ne jamais servir, ils m’excitèrent à la guerre par le moyeu de Nicomède , lequel connaissait leurs desseins criminels , et avait déjà déclaré, ce que l’événement conlirma, qu’il n’y avait alors de libres au monde que les Cretois et le roi Ptoléraée. Je vengeai mon injure ; je chassai Nicomède de la Bithynie ; je recouvrai l’Asie, cette dépouille du roi Aniiochus , et délivrai la Grèce d’une pesante servitude. Ce que j’avais si bien commencé, le dernier des esclaves, Archélaùs l’a détruit en livrant mon armée ; et ceux qui, soit par lâcheté, soit par une politique perverse, refusèrent de me seconder, me laissant le soin de les défendre , en sont cruellement punis : Ptolémée n’a réussi "a force d’argent qu’à éloigner la guerre ; et les Cretois , déj’a vaincus une fois , ne verront finir la lutte qu’avec leur ruine. Pour moi , ayant bien compris que le repos que je devais aux divisions intestines dos Romains était plutôt une trêve qu’une paix véritable, malgré ce refus de Tigrane qui reconnaît aujourd’hui, mais trop tard, la justesse de mes prédictions, malgré l’éloignement où jo me trouve de toi et la soumission de tous les rois mes voisins , je recommençai la guerre : je battis sur terre , auprès de Ciialcédoine, le général romain Marcus Colta, et sur mer je leur détruisis la pins belle flotte. Devant Cyzique , que j’assiégeai avec une armée nombreuse, les vivres me manquèrent, et personne des pays environnants ne vint à mon secours ; en môme temps l’hiver me fermait la mer. Forcé par là, sans que d’ailleurs l’ennemi en eût la gloire, de rentrer dans le royaume de mes pères , je perdis par des naufrages, auprès de Paros et d’Héraclée , l’élite de mes soldais avec ma flotte. Ayant ensuite rerais sur pied une armée h Cabire , après divers combats entre Lucullus et moi , la famine vint encore nous assaillii’ tous les deux. Mais lui, il trouvait des ressources dans le royaume d’Ariobarzane, où la guerre n’avait pas pénétré : autour de moi, au contraire, tout était dévasté ; je nve relirai donc en Arménie. Les Romains m’y suivirent, ou, pour mieux parler, ils suivirent leur coutume de détruire tous les royaumes ; et, pour avoir empêché d’agir une multitude resserrée par eux dans d’étroits délités , ils se glorifient de l’imprudence do Tigrane comme d’une victoire. Maintenant, considère, je te prie , si , quand nous serons accablés, tu auras plus de force pour résister, ou si, "a Ion avis, la guerre finira. Tu possèdes, je le sais , de grandes ressources en hommes , en armes et en aigent ; et c’est pour cela même que nous désirons . moi ton alliance , et les Romains ta dépouille. Tu n’as d’ailleurs qu’un parti à prendre. Le royaume de Tigrane est encore intact ; mes soldais ont appris a combattre les Romains ; loin de toi , sans beaucoup d’efforts de ta part, avec nos corps et nos bras , je saurai Icrniincr la guerre : mais songe que nous ne pouvons ni vaincre ni être vaincus sans danger pour toi. Ignores-tu que les Romains portent ici leurs armes parce que l’Océan les a arrêtés du côté de l’occident ?

que, depuis leurs commencements, ils n’ont 

rien acquis que par le vol , maisons , femmes , territoire, empire ? qu’autrefois, vil ramas de vagabonds sans patrie, sans famille, ils ne se sont réunis que pour être le fléau de l’univers ? qu’enfin , il n’est aucune loi humaine ou divine qui les empêche d’asservir, de sacrifier amis et alliés, éloignés ou proches, faibles ou puissants , et de