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« Ce jeudi (janvier 1761).

« On ne peut être plus sensible à l’attention et au souvenir de l’éditeur ; mais on ne peut être moins disposée à récréer son esprit. Notre cher chevalier d’Aydie est mort en Périgord. Nous avions reçu de ses nouvelles le samedi et le mercredi, il y a huit jours. Son frère manda cet événement à mon oncle[1] sans nulle préparation. Mon oncle, écrasé, me fila notre malheur une demi-heure, et s’enferma. Lundi, la fièvre lui prit, avec trois frissons en vingt-quatre heures et tous les accidents. Jugez de mon état. Enfin une sueur effroyable a éteint la fièvre sans secours ; mais il a eu cette nuit un peu d’agitation. Je suis comme un aveugle qui n’a plus son bâton.

« Je remets à un temps plus heureux à vous remercier et à vous parler de vous ; car, aujourd’hui, je n’ai que moi en tête. »

C’est J.-J. Rousseau qui a mis à la suite des mots ce jeudi ceux que l’on trouve ici entre parenthèses. Il est évident, d’ailleurs, que la lettre est de 1761, puisque c’est en cette année que furent publiées les lettres de Julie dont Rousseau ne se donnait que comme simple éditeur. Le chevalier d’Aydie mourut donc dans les derniers jours de 1760, ou, au plus tard, dans les premiers de 1761.


(N). Les Bonneval du Limousin sont de la plus vieille souche ; il y a un dicton dans le pays : « Noblesse Bonneval, richesse d’Escars, esprit Mortemart. » Le célèbre Pacha en était. (Voir Moreri.)


(O). Pierre-Marie, vicomte d’Abzac, mourut à Versailles au mois de février 1827, n’ayant pas eu d’enfants de deux mariages qu’il avait contractés, dont le premier, à la date du 10 août 1777, avec Marie-Blaise de Bonneval, décédée pendant la Révolution (Voir Courcelles, Histoire généal.

  1. Le bailli de Froulay.