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(K). Voici la lettre tout entière, et vraiment maternelle, du chevalier à Mme  de Nanthia ; elle est inédite et nous a été communiquée par la famille de Bonneval :

« Je souhaite, mon enfant, que vous soyez heureusement arrivée chez vous ; je crois que vous ferez prudemment de n’en plus bouger jusqu’à vos couches, et quoique le terme qu’il faudra prendre après pour vous bien rétablir doive vous paraître long, je vous conseille et vous prie, ma petite, de ne pas l’abréger. Toute impatience, toute négligence en pareil cas est déplacée et peut avoir des conséquences très-fâcheuses, au lieu que, si vous vous conduisez bien dans vos couches, non-seulement elles ne nuiront pas à votre santé, mais au contraire vous en deviendrez plus forte et plus saine.

« M. de Boisseuil, qui doit retourner en Périgord au mois de janvier, m’a promis de se charger du portrait de votre mère ; je ne doute pas qu’il ne vous fasse grand plaisir. Vous verrez les traits de son visage ; que ne peut-on de même peindre les qualités de son âme ! Le tendre souvenir que j’en conserve doit vous être un sûr garant que je vous aimerai, ma chère petite, toute ma vie.

« Mille amitiés à M. de Nanthiac.

« Le Bailli de Froullay me charge toujours de vous faire mille compliments de sa part.

« J’ai reçu hier des nouvelles de Mme  de Bolingbroke ; elle m’en demande des vôtres. Mme  de Villette se porte un peu mieux.

« À Paris, ce 15 décembre 1741. »

(L). Nous ne saurions donner une plus juste idée de cette grande existence de Mayac dans son mélange d’opulence et de bonhomie antique, qu’en citant la page suivante empruntée à la Notice manuscrite de M. de Sainte-Aulaire : « Après la mort du Chevalier, y est-il dit, l’abbé d’Aydie, son frère, continua à résider dans ce château où se réunissait l’élite de la bonne compagnie de la province. L’habitation n’était cependant ni spacieuse ni magnifique, et la fortune du mar-