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NOTES

[A] : Dans une lettre à M. Du Lignon, datée de Soleure, octobre 1712, Jean-Baptiste s’était justifié de l’imputation en ces termes : « … Pour l’ode qu’on a eu la méchanceté d’appliquer à Mme de Ferriol, pour me brouiller avec la meilleure amie et la plus vertueuse femme en tout sens que je connoisse dans le monde, vous savez ce que j’ai eu l’honneur de vous écrire. Toutes les calomnies dont mes ennemis m’ont chargé ne m’ont point touché en comparaison de celle-là. Cette dame, à qui j’ai des obligations infinies, sait heureusement la vérité, et je n’ai rien perdu dans son estime. Quand je fis cette ode, je ne la connoissois pas, et elle ne connoissoit pas le maréchal d’Uxelles. Cette petite pièce a couru le monde plus de dix ans avant qu’on s’avisât d’en faire aucune application. C’est une galanterie imitée d’Horace, qui avoit rapport à une aventure où j’étois intéressé ; et les personnages dont il y est question ne sont guère plus connus dans le monde que la Lydie et le Télèphe de l’original. Je l’avois fait imprimer, et j’en ai encore chez moi les feuilles, que je n’ai supprimées que depuis que j’ai su l’outrage qu’on faisoit, à l’occasion de cet ouvrage, aux deux personnes du monde que j’honore le plus. Il y a deux mille femmes dans Paris à qui elle pourroit être justement appliquée, et l’imposture a choisi celle du monde à qui elle convient le moins. » – Pour peu que ce qui concerne le sens de l’ode soit aussi exact et aussi vrai que ce qu’il dit de la vertu de Mme de Ferriol, on sera tenté de rabattre des assertions de Rousseau ; mais peu nous importe ! nous ne voulions que rappeler les bruits malins.