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lui au pied de l’Ida, et le plus que je puis sous le nuage d’Homère :

Que l’homme est faible et volage !
Je promets d’être constant,
Et du nœud qui me rengage
Je m’échappe au même instant !

Insensé, rougis de honte !
Quels faux plaisirs t’ont flatté !
Les jeux impurs d’Amathonte
Ne sont pas la Volupté.

Cette Nymphe demi-nue
En secret reçut le jour
De la Pudeur ingénue
Qu’un soir atteignit l’Amour…

Ce n’est point une Ménade
Qui va, l’œil étincelant,
Des Faunes en embuscade
Braver l’essaim pétulant.

C’est la vierge aimable et pure
Qui, loin du jour ennemi,
Laisse échapper sa ceinture
Et ne cède qu’à demi.

Si quelquefois on l’offense,
On la calme sans effort,
Et sa facile indulgence
Fait toujours grâce au remord…

Tu sais qu’un jour l’Immortelle
Qu’Amour même seconda
Vers son époux infidèle
Descendit au mont Ida.

Jupiter la voit à peine,
Que les désirs renaissants,
Comme une flamme soudaine,
Ont couru dans tous ses sens :