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qui est comme la poésie même de Bernardin, recueillie et vaporisée en son intime essence. M. Ferdinand Denis, auteur de Scènes de la Nature sous les Tropiques et d’André le Voyageur, est dans nos générations un représentant très-pur et très-sensible de l’inspiration propre venue de Bernardin de Saint-Pierre : par les deux ouvrages cités, il appartient tout à fait à son école ; mais c’est sa famille qu’il faut dire. Nous tous, nous avons été une fois ses disciples, ses fils ; tous, nous avons été baignés, quelque soir, de ses molles clartés, et nous retrouvons ses fonds de tableaux embellis dans les lointains déjà mystérieux de notre adolescence. Oh ! que son rayon de mélancolique et chaste douceur, s’il faiblit en s’éloignant, ne se perde pas encore, et qu’il continue de luire longtemps, comme la première étoile des belles soirées, au ciel plus ardent de ceux qui nous suivent !

Octobre 1836.

Bernardin de Saint-Pierre, qui est l’un de mes auteurs favoris, s’est retrouvé sous ma plume au tome VI des Causeries du Lundi, et en plus d’une page du livre intitulé : Chateaubriand et son Groupe littéraire.