française, et dans lequel, s’adressant à sa bienfaitrice, il lui expose avec candeur l’état de son âme :
Des solides plaisirs je n’ai suivi que l’ombre,
J’ai toujours abusé du plus cher de nos biens :
Les pensers amusants, les vagues entretiens,
Vains enfants du loisir, délices chimériques,
Les romans et le jeu, peste des républiques,
Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits,
Ridicule fureur qui se moque des lois,
Cent autres passions des sages condamnées,
Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années.
L’usage des vrais biens réparerait ces maux ;
Je le sais, et je cours encore à des biens faux.
… …
Si faut-il qu’à la fin de tels pensers nous quittent ;
Je ne vois plus d’instants qui ne m’en sollicitent :
Je recule, et peut-être attendrai-je trop tard ;
Car qui sait les moments prescrits à son départ ?
Quels qu’ils soient, ils sont courts…
Que me servent ces vers avec soin composés ?
N’en attends-je autre fruit que de les voir prisés ?
C’est peu que leurs conseils, si je ne sais les suivre,
Et qu’au moins vers ma fin je ne commence à vivre ;
Car je n’ai pas vécu, j’ai servi deux tyrans :
Un vain bruit et l’amour ont partagé mes ans.
Qu’est-ce que vivre, Iris ? vous pouvez nous l’apprendre ;
Votre réponse est prête, il me semble l’entendre :
C’est jouir des vrais biens avec tranquillité,
Faire usage du temps et de l’oisiveté,
S’acquitter des honneurs dus à l’Être suprême,
Renoncer aux Phyllis en faveur de soi-même,