poitrine, de même que dans celui d’autrefois et jusqu’en sa pleine force, on dut entrevoir toujours quelque chose de ce qui a promptement fléchi. Les Francs-Comtois transplantés ne sont-ils pas volontiers comme cela[1] ?
Quoi qu’il en soit, lui, il était tel lorsque ses premiers séjours à Paris agrandirent sous ses pas bondissants le cercle des aventures. J’ajourne pour un instant les échappées politiques : littérairement on le possède dès ce moment-là, d’une manière complète et circonstanciée, dans quelques petits ouvrages de lui qui furent conçus sous ces coups de soleil ardents, sous ces premières lunes sanglantes et bizarres.
Le Peintre de Saltzbourg, journal des émotions d’un cœur souffrant, suivi des Méditations du Cloître, 1803.
Le dernier Chapitre de mon Roman, 1803.
Essais d’un jeune Barde, 1804.
Les Tristes, ou Mélanges tirés des tablettes d’un Suicide, 1806. J’y ajouterais le roman intitulé les Proscrits, si on pouvait se le procurer[2] ; mais j’y joins celui d’Adèle, qui, publié beaucoup plus tard, remonte pour la première idée et l’ébauche de la composition à ces années de prélude. En relisant ces divers écrits, en tâchant, s’il se peut, pour les Essais d’un jeune Barde et pour les Tristes, de ressaisir l’édition originale (car dans les volumes des œuvres complètes la physionomie particulière de ces petits recueils s’est perdue et comme fondue), on surprend à merveille les affinités sentimentales et poétiques de Nodier dans leurs origines.
Il est d’avant René, bien qu’il n’éclate qu’un peu après et à côté. Il n’a pas non plus besoin d’Oberman pour naître, bien qu’il le lise de bonne heure et qu’il l’admire aussitôt ; mais