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Refuge propice aux devoirs ;
Ses châtaigniers aux larges ombres,
Au dedans les corridors sombres,
La solitude des parloirs.

Oh ! si, les yeux mouillés encore,
Ressaisissant son luth dormant,
Il n’a pas dit, à voix sonore,
Ce qu’il sentait en ce moment ;
S’il n’a pas raconté, poëte,
Son âme pudique et discrète,
Son holocauste et ses combats,
Le Maître qui tient la balance
N’a compris que mieux son silence :
O mortels, ne le blâmez pas !

Celui qu’invoquent nos prières
Ne fait pas descendre les pleurs
Pour étinceler aux paupières,
Ainsi que la rosée aux fleurs ;
Il ne fait pas sous son haleine
Palpiter la poitrine humaine,
Pour en tirer d’aimables sons ;
Mais sa rosée est fécondante ;
Mais son haleine, immense, ardente,
Travaille à fondre nos glaçons.

Qu’importent ces chants qu’on exhale,
Ces harpes autour du saint lieu ;
Que notre voix soit la cymbale
Marchant devant l’arche de Dieu ;
Si l’âme, trop tôt consolée,
Comme une veuve non voilée
Dissipe ce qu’il faut sentir ;
Si le coupable prend le change,
Et tout ce qu’il paye en louange,
S’il le retranche au repentir ?

Les derniers sentiments exprimés dans cette pièce ne fu-