mot, en effet, suffit pour tout gâter, comme un mauvais son, ou plutôt comme une mauvaise odeur dans un concert. Un poëte qui a tant de choses n’aurait-il donc pas le goût ? N’aurait-il pas ce qui, dans les talents heureux, tient lieu d’ordinaire, en avançant, de la pudeur instinctive de la jeunesse ? N’aurait-il pas ce petit parfum dont je félicitais Fontanes et qui a été jusqu’ici le sens français ?
Le fâcheux de l’innovation n’est pas seulement aujourd’hui dans ces mots singuliers et ces crudités matérielles qui jurent pour le fond avec la région épurée du poète spiritualiste ; le ton général est de plus changé, et la dureté de l’accent devient habituelle. Dans la pièce à M. Guillemardet,
… Jeune ami dont la lèvre,
Que le fiel a touché, de sourire se sêvre,
ce vers me choque encore moins par la faute grammaticale
du premier hémistiche que par le rauque et le
contourné du second. Un peu plus loin, l’expression est
tout à fait convulsive :
Dans la pièce sur la Charité, en parlant de la femme,
celui qui fut le plus harmonieux des poètes dit sans hésiter :
Mais si tout regard d’homme à ton visage aspire,
Ce n’est pas seulement parce que ton sourire
Embaume sur les dents l’air qu’il fait palpiter…