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L’ABBÉ DE LA MENNAIS.

1834.
— Paroles d’un Croyant[1]. —

Un jour Nicole, fatigué des tracasseries et des luttes, invitait avec sa douceur ordinaire le grand Arnauld à déposer la plume ; et celui-ci lui répondait vivement : « N’avons-nous pas l’éternité pour nous reposer ? » C’est ce que répondrait aussi à un semblable conseil l’ardent et vertueux prêtre qui lance en ce moment un nouveau manifeste de ralliement et de foi, qui pousse, après un silence pénible, un nouveau cri de guerre et d’espérance. Il y a un an environ, abreuvé de tous les dégoûts,

  1. Dans la réimpression de 1836 on lisait cette note que nous reproduisons : « Depuis que nous avons tracé le précédent portrait de M. de La Mennais, de sensibles changements se sont manifestés dans le caractère et la position de l’illustre écrivain. Nous avons tâché de le suivre, en l’admirant hautement, aussi loin qu’il nous a été possible. Le fait même de la publication des Paroles d’un Croyant ne nous semblait pas détruire le rôle de prêtre à la fois catholique et populaire qu’avait revêtu l’abbé de La Mennais. On peut voir, mêlée à l’éloge du livre, l’interprétation que nous en donnions et qui, sous cette forme même d’éloge, pouvait être en partie une humble insinuation adressée à l’auteur. C’est