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POÉSIES


D’un autre il l’éprouve à son tour :
Le talion est loi d’amour.
Or voici ma leçon ; que le novice entende :
« Rends l’amour à qui t’aime, afin qu’on te le rende. »


III


Quittant Pise et ses jeux, Alphée au flot d’argent
Cherche à travers les mers Aréthuse en plongeant ;
Et dans son sein il porte à la nymphe adorée
L’olivier des vainqueurs et la poudre sacrée.
Profond, pur, et chargé des amoureux cadeaux,
Il fend le flot amer sans y mêler ses eaux ;
Et le grand flot dormant ne sent rien, et l’ignore,
Et l’a laissé passer. Ah ! c’est Amour encore,
Le mauvais, le perfide et le rusé songeur,
C’est lui dont l’art secret fit du fleuve un plongeur !


ÉGLOGUE NAPOLITAINE[1]


Du tombeau de Virgile adorant la colline,
Je m’étais promené jusqu’à la Mergilline[2],

  1. Cette Églogue a été insérée dans la Revue des Deux Mondes du 15 septembre 41839, sans nom d’auteur. Les deux vers de la fin, Paganisme immortel, es-tu mort, etc, ont souvent été cités depuis et ont passé dans la circulation.
  2. La plage au bas du Pausilype, qu’habita et chanta Sannazar.