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DE JOSEPH DELORME.


TRADUIT DE MOSCHUS


I


Sous un souffle apaisé quand rit la mer sereine,
Tout mon cœur s’enhardit, et pour l’humide plaine
La terre est oubliée : ô mer, je viens à toi !
Mais qu’un grand vent s’élève et réveille l’effroi,
Que l’écume du flot blanchisse et fasse rage,
Tout mon amour alors se reprend au rivage ;
Je ne veux que les bois, et l’ombre et les gazons :
Le pin, par un grand vent, rend encor de doux sons.
Pêcheur, que je te plains, dans ta nef pour demeure,
Chassant ta proie errante au péril de chaque heure !
À moi le bon sommeil sous un platane épais !
À moi les jours couchés au sein d’un antre frais,
Et la source au long bruit, qui, roulant sous la voûte,
Charme et ne peut troubler le pasteur qui l’écoute !


II


Pan aimait Écho, sa voisine,
Qui pour le Satyre brûlait,
Et le Satyre aimait Nérine ;
Leur flamme, à tous trois, se brouillait.
Jeu bizarre, et pourtant le nôtre !
Ce qu’un amant inflige à l’autre,