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DE JOSEPH DELORME.

Tant qu’aux longs jours où tu recules,
L’Été ménagera tes douteux crépuscules
Et s’égaiera sous tes retards ;

Tant qu’après ses grappes vermeilles
Automne emplira tes corbeilles
Lentement, à regret, des couronnes des bois :
Tant que de son tapis blanchâtre
Hiver amortira tes pas, et près de l’âtre
Consolera tous tes effrois :

Aussi longtemps, belle Vesprée,
Invoquant ton heure assurée,
L’Amitié qui sourit, l’Étude au chaste front,
La Sagesse sensible encore,
La Fantaisie errante et qui de jour s’ignore,
Soir, ces doux hôtes t’aimeront !

Aussi longtemps l’Amour qui mêle
Aux courts plaisirs l’âme immortelle,
Ira par tes Édens méditer ses secrets :
Puisse-t-il jamais dans l’absence
Ne languir trop sevré de ta sainte puissance,
Plus sainte à l’ombre des forêts ! sf