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POÉSIES


Ton beau cou s’inclina, ta brune chevelure
Laissa monter dans l’air un parfum plus charmant ;
Mais quand je m’arrêtai contemplant ta figure,
Deux larmes y coulaient silencieusement.


V

SONNET


Que vient-elle me dire, aux plus tendres instants,
En réponse aux soupirs d’une âme consumée,
Que vient-elle conter, ma folle Bien-Aimée,
De charmes défleuris, de ravages du temps,

De bandeaux de cheveux déjà moins éclatants ?
Qu’a-t-elle à me montrer sur sa tête embaumée,
Comme un peu de jasmin dans l’épaisse ramée.
Quelque rares endroits pâlis dès le printemps ?

Qu’a-t-elle ? dites-moi ; fut-on jamais plus belle ?
Le désir la revêt d’une flamme nouvelle ;
Sa taille est de quinze ans, ses yeux gagnent aux pleurs ;

Et, pour mieux couronner ma jeune Fiancée,
Amour qui fait tout bien, docile à ma pensée,
Mêle à ses noirs cheveux quelque neige de fleurs.