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LETTRES

jeunes gens étaient contents de leurs professeurs, ils en sont maintenant enthousiastes. On a peine à se remettre paisiblement au train d’études. C’est ce sec et hideux cardinal qui est venu porter la confusion là où il y avait le calme et l’étude. Il serait bien bon que l’empereur sût quelque chose de tout cela. Il ne manquerait plus que de faire Dupanloup cardinal : et je vois le moment où il le sera.

Princesse, tâchez que l’empereur soit pénétré de ceci : ces hommes noirs sont odieux au fonds généreux de la France. C’est compromettre l’avenir que de laisser croire qu’on est lié à eux ou

    je l’ai pensé : la seule garantie de l’avenir, d’un avenir de progrès, de vigueur et d’honneur pour notre nation, est dans l’étude, — et surtout dans l’étude des sciences naturelles, physiques, chimiques et de la physiologie. C’est par là que bien des idées vagues ou fausses s’éclaircissent ou se rectifient ; que, dans un temps prochain et futur, bien des questions futiles ou dangereuses se trouveront graduellement et insensiblement diminuées, et, qui sait ? finalement éliminées. Ce n’est pas seulement l’hygiène physique de l’humanité qui y gagnera, c’est son hygiène morale. À cet égard, il y a encore beaucoup à faire. Étudiez, travaillez, messieurs, travaillez à guérir un jour nos malades de corps et d’esprit. — Vous avez des maîtres excellents : évitez surtout de donner à vos ennemis aucune prise sur vous. »