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LETTRES


CXCV

Ce lundi soir.
Princesse,

Malgré ce que j’ai dit à Renan hier à l’occasion et au sujet de l’étranger, je ne pense pas qu’il y ait grand inconvénient à recevoir ce dernier ; pour l’intimité, c’est autre chose, et la Princesse seule est juge. Il est homme fort instruit et qui a du mérite intellectuel. Il me paraît prendre toute chose par le côté sérieux et non satirique ; s’il est chroniqueur (ce que j’ignore), ce n’est pas un chroniqueur ordinaire. — Je désirerais bien que, malgré toutes les irritations si concevables et légitimes, ce procès de presse, qui ne peut engendrer que des difficultés, avortât. — Pourquoi la Princesse n’écrirait-elle pas à cet esprit et à cette plume endiablée qui a pris cette fois le mors aux dents, car c’est ainsi que je l’explique ?

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.