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LETTRES

serait bien sévère et dure si l’on ne disait que ce qu’on sait au pied de la lettre ; il y a des siècles entiers qui seraient la sécheresse, l’ennui, l’aridité. On a cherché de nos jours à retrouver la vie qui a dû exister, à se figurer quelque chose d’équivalent. Renan excelle en ce genre de vue. Pour mon compte, cela m’amuse sans me convaincre. Je dirai même que, pour mon usage, je préfère les faits authentiques tout nus, tout simples, me chargeant moi-même de faire mes petites réflexions et de reconstruire cela au dedans à ma guise ; mais je n’oserais jamais donner au public ces sortes de rêveries intérieures comme une vérité. La nécessité de faire des articles de journal intéressants, d’avoir du talent chaque fois qu’on publie quelques pages, mène bien loin, et dans le cas présent il n’y a pas grand mal : imaginez un portrait du joli petit saint traduit et interprété en prose. C’est de l’art encore, c’est de la peinture à la plume.

— Voilà de grands changements depuis ces derniers jours ; l’impression que j’en reçois n’est pas mauvaise. On va entrer dans un intervalle de paix et une trêve pour encadrer l’Exposition