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LETTRES


CXVIII


Ce 6 août.
Princesse,

Le discours est simple et parfait. Il n’y a que deux points où je voudrais une retouche.

L’expression ternissent la vie, est belle et juste, mais le mot d’écueils qui suit immédiatement n’y a pas de rapport ni d’analogie. Il y a aussi des règles pour l’art du style. Deux images disparates ne sauraient se rapprocher, fussent-elles justes chacune à part ; je propose donc le mot d’ennuis au lieu d’écueils, et je mettrais plus loin l’idée d’écueils, sous la forme moins physique de périls. Ainsi le mot ternir, qui est beau et vrai, a tout son effet, et rien ensuite ne vient le contrarier et le déjouer.

— Un autre point : les lauriers sont un peu brusques et ne sont pas amenés suffisamment. J’aime assez ces lauriers, puisqu’il s’agit de filles de la Légion d’honneur[1] ; mais je propose de les

  1. Le discours devait être prononcé à la maison d’Écouen.