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ment, comme quelque chose qui s’enfuit. Mais bientôt, au premier craquement de la clef dans le cadran, tout se rassure. Je ne suis que le temps qui, de l’autre côté, vient régler ses comptes ; cela ne les regarde pas.

Ils m’ont vu déjà cent fois sans me voir ; je viendrais chez eux tout un siècle qu’ils ne me connaîtraient pas davantage.

Il y a, dans cette partie de mon métier, des instants plus ou moins solennels, et je vous assure que j’en ressens l’impression et la poésie (comme on dirait), tout simple horloger que je suis. Je n’entre jamais dans les grandes salles publiques ou les galeries solitaires, dans les Bibliothèques ou les palais, pour y remonter l’antique horloge en sa boîte émaillée,