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et me retourne sur le flanc, appuyant sur mon mal et me demandant s’il n’y a pas de moyen de guérir et d’échapper. Cela devient vite mon idée fixe.

Les sentiments naturels ont un cours que vous semblez méconnaître. Après les fleurs, les fruits. Vous voulez toujours des fleurs. Mon cœur n’a plus à en donner après deux ou trois années de préludes et de promesses. La saison des fruits était arrivée, celle des fleurs serait revenue ensuite. Mais non, vous voulez des fleurs continuelles, une promesse continuelle ; cela est factice, c’est mettre l’arbuste en serre chaude pour qu’il fleurisse sans cesse, sans réaliser jamais. Cela fait d’énormes fleurs de jardin, charme des yeux, de très belles fleurs à regarder du salon. — Toujours le salon !