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a dit un poète ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau. En peu de temps ils mirent ainsi bien du passé dans leur amour. La famille d’Hervé avait des alliances en Allemagne : lui-même en savait parfaitement la langue. Quelle joie pour Christel, quel attendrissement pour la mère de s’y rencontrer avec lui comme en un coin libre et vaste de la forêt des aïeux ! La petite bibliothèque de Christel possédait quelques livres favoris, venus de là-bas par sa mère ; il leur en lisait parfois, une ode de Klopstock, quelque poème de