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rayé. Car, lui, il est l’âme même ; il vit d’une vie invisible ; il se guérit par ses propres baumes, il se répare, il recommence, il n’a pas cessé ; il va jusqu’à la tombe et s’éternise au delà. Voilà bien l’amour, tel qu’il mérite d’être rappelé sans cesse, tel qu’on l’a vu en de tendres exemples. Plus d’un (et des plus beaux sans doute) ont été cachés : car c’est le propre de l’amour le plus vrai de chérir le mystère et de vouloir être enseveli. Dévoilons-en pourtant, avec la pudeur qui sied, un modèle de plus, déjà bien ancien, et dont les monuments secrets nous sont venus dans un détail heureux où nous n’aurons qu’à choisir. On y verra, en une situation simple, toute l’ardeur et toute la subtilité de ce sentiment éternel ; on y verra surtout la force de vie et d’im-