Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce bond impétueux. Évidemment elle attendait quelqu’un, et elle n’avait pas imaginé que ce pût être un autre. J’eus l’air de ne pas être étonné de la méprise, je me dirigeai comme à l’ordinaire vers la pendule, et elle, se précipitant sur le piano, y fit pleuvoir un déluge de notes plaintives, déchirantes… tout un délire qu’elle improvisait sans doute. Je passai dans l’autre pièce et je dus y rester un peu plus longtemps ; car je n’y avais pu entrer la dernière fois et la pendule s’était arrêtée. Pendant que je poussais l’aiguille et attendais à chaque heure la fin de la sonnerie (pardon de ces détails de métier), et que tout un siècle d’émotions se passait dans son cœur et débordait de ses doigts, quelqu’un entra dans l’autre pièce, et je n’entendis que ces mots :