sard et M. Émile Augier ont formé une sorte d’école où l’élégie grecque et latine est venue s’essayer et faire épisode au théâtre. M. Barthet, par son Moineau de Lesbie, y a réussi. Dans un genre plus uni et plus simple, j’aime aussi à noter une comédie en vers, les Familles (1851), de M. Ernest Serret ; un sentiment pur, un style correct, nous y rendent quelque chose d’un Colin d’Harleville rajeuni.
On n’a pas assez remarqué un poëme : Poussin et son Monument (1851), par M. Édouard Crémieu, ouvrage couronné aux Andelys, le jour de l’inauguration de la statue du Poussin. Dans ce poëme, il y a de la composition, du dessin, un ordre sévère, une division habile, une description poétiquement amenée des principaux tableaux du maître ; il y règne, d’un bout à l’autre, un sentiment élevé du sujet. On y voudrait, comme chez Poussin lui-même, un peu plus de diversité de ton, plus de coloris et de nuance, le charme en un mot : mais, dans l’application présente, cette gravité un peu uniforme de ton n’est pas une infidélité.
J’ai hâte d’arriver à une production sur laquelle je puisse m’arrêter un moment. M. Brizeux, auteur bien connu de Marie et des Bretons, vient de publier un nouveau recueil de vers qui a pour titre Primel et Nola (1852) : c’est le titre particulier d’une pièce que M. Brizeux a étendu à tout le volume. Au-dessous et en dehors des grands poètes du temps, de ceux qui ont exercé action et influence, M. Brizeux est un poëte d’élite et qui compte : c’est une nature individuelle très-fine et très-marquée. Il a publié, il y a vingt ans, le joli recueil de Marie, qui offrait quelques élégies douces, discrètes, et d’une qualité rare. Plus tard, il s’est appliqué, dans le poëme des Bretons, à tracer des tableaux de mœurs qui fissent revivre ce pays de Bretagne auquel il s’est presque exclusivement consacré. Quel-