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CAUSERIES DU LUNDI

culièrement à l’école catholique, M. Onésime Seure a inséré quelques pièces qui se pourraient appeler des fabliaux évangéliques, et une fort jolie fable, le Ruisseau et la Montagne. M. Bertbereau, dans un poëme burlesque intitulé les Rats et les Grenouilles (1851), a imité la Batrachomyomachie attribuée à Homère, et a parodié nos luttes politiques : c’est la Fable élevée à une manière d’épopée. Ce que je dis en passant prouve assez qu’il y aurait, si on le voulait, un petit chapitre à écrire sur la Fable et les Fabulistes en 1852.

De même pour les autres genres. Et, par exemple, on chante encore au Caveau : la lignée de Désaugiers n’est pas morte. M. Auguste Giraud nous le dit et nous le prouve dans ses Chansons (1851). Je ne conseille pas le Recueil de celles de M. Nadaud (1849), non qu’il n’y en ait de fort jolies, mais elles sont trop à l’usage du quartier latin et de la Closerie des Lilas. M. Berthelemy adresse des Chansonnettes (1801) et les dédie à ceux qui chantent encore. De ce nombre est un poëte à demi populaire, dont le nom revient souvent dans les joyeux recueils publiés par les frères Garnier, et chez qui la Chanson prend bien des formes, M. Louis Festeau.

Ainsi les genres ne meurent pas ; ils peuvent s’éclipser, se laisser dominer par d’autres plus en vogue ; mais ils durent, ils se perpétuent, et ils sont là en réserve pour offrir aux talents nouveaux, quand il s’en présente, des cadres et des points d’appui tout préparés.

Dans les genres qui se rapportent plus particulièrement aux tentatives modernes, on aurait à noter, pour être juste, des recueils qui s’adressent plutôt à quelques lecteurs isolés qu’au public. Dans un volume intitulé Arabesques et Figurines (1850), et qui se rattache à l’école de l’art, le comte César de Pontgibaud, aujourd’hui retiré aux bords de l’Océan près des falaises de la