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CAUSERIES DU LUNDI.

ronne, et que, quand je n’ai pas occupé de fonctions publiques, j’ai pris une part active aux affaires du Parlement ; qu’il est très-probabie que cette Correspondance offrira de l’intérêt et sera de nature à apporter quelque lumière sur la conduite et le caractère des hommes aussi bien que des événements de cette époque, je donne à mes exécuteurs testamentaires tout pouvoir de choisir dans cette Correspondance ce qui leur paraîtra devoir être publié ; je les laisse juges de l’opportunité de cette publication, ayant la conviction complète qu’ils y mettront une discrétion sans égale ; que toute confidence que j’aurais reçue et qui ne serait pas honorable, ne sera pas trahie, qu’aucuns sentiments privés ne seront froissés sans nécessité, et qu’aucun intérêt public ne sera compromis par une publicité indiscrète ou prématurée. J’appelle spécialement toute leur sollicitude pour qu’aucune partie de ma Correspondance avec S. M. la reine Victoria ou avec S. A. R. le prince Albert ne soit livrée au public pendant la vie de l’un ou de l’autre sans avoir été préalablement communiquée à LL. MM. et sans avoir reçu leur autorisation pour la publication de tout ou partie de cette Correspondance.

« J’autorise mes exécuteurs à publier ceux de ces documents qui leur paraîtront devoir intéresser le public, et même à les vendre, mais à la condition expresse de ne le faire qu’avec la discrétion la plus complète, et sans que les lois de la loyauté et de l’équité soient lésées, et aussi en donnant à cette discrétion assez de latitude pour que l’on puisse consulter ces documents, à titre purement gratuit, toutes les fois qu’ils le jugeront convenable et utile…

« C’est en vue de l’accomplissement de ces instructions que je désire que mes exécuteurs réunissent ces lettres et ces documents après ma mort, qu’ils les examinent en toute discrétion et sans contrôle. Je leur donne le pouvoir de détruire ceux qui leur paraîtront devoir être détruits…, etc., etc. »

Qu’on ouvre maintenant le Congrès de Vérone, publié du vivant de l’auteur, et les Mémoires publiés le lendemain de sa mort, et qu’on juge de la différence des esprits.

FIN DU TOME DEUXIÈME.