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M. JULES JANIN.

faveur des filles qui n’auraient point de vocation pour le mariage ni pour le couvent proprement dit, et qui voudraient concilier l’éloignement du siècle avec une vie exempte de clôture et affranchie de la solennité des vœux. «Les Filles de l’Enfance, telles que les vierges chrétiennes ou les diaconesses des premiers siècles, n’étaient point enfermées dans un cloître, pour être à même de vaquer avec plus de facilité à tous les emplois de la charité que les vierges chrétiennes peuvent pratiquer honnêtement dans le monde. Elles vivaient néanmoins en commun, mais sans autres pratiques extérieures que celles que doivent observer toutes les personnes de leur sexe qui renoncent au mariage, et qui veulent mener une vie modeste et chrétienne. Elles ne faisaient d’autre vœu que le vœu simple de stabilité, mais il renfermait les trois autres, de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. » Ce vœu de stabilité revenait assez aux vœux perpétuels, mais sous un air moins formidable. La distinction des rangs, et des conditions de naissance selon le siècle, n’était pas supprimée dans cette Congrégation d’une nouvelle espèce. Il y avait trois sortes de filles : les premières, qui devaient être damoiselles de noblesse d’épée ou de robe, pouvaient seules arriver aux hautes charges du gouvernement intérieur. Les secondes devaient être des filles de condition inférieure, mais honorable encore ; celles-ci ne pouvaient prétendre qu’aux charges moindres et secondaires, sauf le cas d’une dispense extraordinaire que se réservait d’octroyer la fondatrice. Enfin, il y avait des filles du troisième rang, simples femmes de chambre et servantes, frappées d’une incapacité absolue pour tous autres emplois. On voit que les trois ordres subsistaient là comme ailleurs. Mais la Supérieure s’était fait la large part dans ce gouvernement, et l’on peut dire que tout