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deux amis, telle que nous l’a montrée Vicq-d’Azyr.

Ce n’est jamais dans ce goût amolli que devraient être traités les Éloges consacrés aux savants, et une grande sobriété en est la première élégance. Si j’ai parlé de Vicq-d’Azyr à l’occasion de M. Pariset, c’est que ce dernier, malgré l’intervalle des temps, peut être considéré véritablement comme son successeur. L’ancienne Société de médecine ayant été détruite en 1793 et la nouvelle Académie de médecine n’ayant été établie qu’en 1820, il n’y eut point place, entre Vicq-d’Azyr et M. Pariset, pour un autre Secrétaire perpétuel. Indépendamment de la Société de médecine, n’oublions pas qu’on avait encore, sous l’ancien régime, l’Académie de chirurgie, plus anciennement fondée (1733) et très-illustre par les noms et les travaux de ses membres. Cette Académie eut son principal Secrétaire perpétuel dans la personne du fameux chirurgien Louis, dont les Éloges sont encore inédits pour la plupart. Le profond divorce qui existait alors entre la chirurgie et la médecine empêcha les deux Sociétés de se fondre à aucun moment ou même de se rapprocher, comme il eût été si naturel. Mais aujourd’hui l’Académie de médecine les représente et les continue toutes les deux également.

M. Pariset est donc, après Vicq-d’Azyr, le premier biographe académique qui ait eu à prononcer un aussi grand nombre d’Éloges de médecins. Il était doué de plusieurs des qualités indispensables pour cette fonction délicate, et il ne s’est pas toujours montré exempt des défauts qu’il y faudrait éviter. Je tâcherai de faire en lui les deux parts avec sincérité et avec la circonspection qui convient dans ces matières mixtes, où le critique littérateur n’est juge qu’à demi.

Étienne Pariset, né en 1770 dans les Vosges, fut élevé à Nantes chez les Oratoriens, et s’y distingua de bonne