Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
LEUR FORTUNE PAR MON PÈRE.

mais oublié ; et Nyert, dont le fils n’a rien fait moins que s’en souvenir. Le père de Bontems saignoit dans Paris et avoit très-bien saigné mon père ; Louis XIII, quelque temps après, eut besoin de l’être et ne se fiait pas à son premier chirurgien, dont la main étoit appesantie. Mon père lui produisit Bontems, qui continua à saigner le roi et que mon père fit premier valet de chambre. Le père de Nyert avoit une jolie voix, savoit la musique, et jouoit fort bien du luth. M. de Mortemart, premier gentilhomme de la chambre, qui en 1633 devint duc et pair, l’avoit pris à lui et le mena au voyage de Lyon et de Savoie, où mon père l’entendit plusieurs fois chez M. de Mortemart.





CHAPITRE V.


Gloire de Louis XIII au fameux pas de Suse. — Chavigny ; ses trahisons ; son étrange mort. — Retraite à Blaye de mon père et sa cause jusqu’à la mort du cardinal de Richelieu, et cependant employé et toujours dans la faveur. — Mort sublime de Louis XIII qui fait mon père grand écuyer de France. — Prophétie de Louis XIII mourant. — Scélératesse qui prive mon père de la charge de grand écuyer et qui la donne au comte d’Harcourt. — Fortune de Beringhen, premier écuyer. — Premier mariage de mon père. — Sa fidélité. — Contraste étrange de fidélité et de perfidie de mon père et du comte d’Harcourt. — Refus héroïque de mon père. — Quel étoit le marquis de Saint-Mégrin. — Origine du bonnet que MM. de Brissac et depuis MM. de La Trémoille et de Luxembourg ont à leurs armes. — Deuxième mariage de mon père. — Combat de mon père contre le marquis de Vardes. — Étrange éclat de mon père sur un endroit des Mémoires de M. de La Rochefoucauld. — Gratitude de mon père jusqu’à sa mort pour Louis XIII.


Les diverses ruses suivies de toutes les difficultés militaires que le fameux Charles-Emmanuel avoit employées au