Page:Saint-Saëns - Rimes familières.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

 
Malgré l’ardent soleil, c’est un souffle glacé
Qui tombe sur nos fronts ; nos mains endolories
S’écorchent au contact de la muraille à pic
Qu’il faut escalader au risque de la chute.
Plus un être vivant : le scorpion, l’aspic,
Habitants des déserts, abandonnent la lutte
Avec une nature implacable. Voici
La neige immaculée, et voici dans la glace
Perfide qui se fend, s’entr’ouvre, et sans merci
Nous engloutit, l’affreux piège de la crevasse.
Enfin l’air manque, et l’on respire avec effort…
Le pays merveilleux est celui de la mort.






Et c’est la plaine alors, la plaine dédaignée,
Déroulant à nos pieds des tableaux inconnus,
Qui dans l’azur et dans la lumière baignée
Oppose sa richesse aux rochers froids et nus.