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impurs !… (il fuit vers la chaire.) La chaire de laquelle, dimanches et fêtes, je propageais la manne… (il monte dans la chaire.) La dernière fois — c’était la nuit de Noël — je proclamai : (Sur le ton de la prédication.) « Pour racheter le monde, il vint sur de la paille entre le bœuf et lane. Elevons vers lui notre être misérable car il est le Roi de la Misère, remettons en lui le soin de nous défendre au jugement dernier car il est le Dieu de la Miséricorde ! » Lorsque je fus jugé par Dieu le Père, il était là… l’Enfant de la Crèche. La barbe ancestrale du Père se penchait vers le plateau de la balance où pesaient mes mérites nombreux, mais la mignonne main de l’Enfant de la Crèche montrait l’autre plateau souillé par mon unique faute.

Bénédict.

Il fallait crier à l’Enfant de la Crèche : « Miséricorde, ô toi qui, pour racheter le monde, vins sur de la paille entre le bœuf et l’âne, miséricorde !» — et vous étiez sauvé !