Page:Saint-Gelais - Oeuvres de luy tant en composition que translation ou allusion aux auteurs grecs et latins, 1547.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
épitaphe

De la petite creature
Soubz la preſente ſepulture
Que vous povez voir ici pres
Au pié de ce jeune Cypres,
Affin que l’arbre ſe dreſſant
La memoire en aille croiſſant.


Épitaphe du Paſſereau d’une damoiſelle.




VEnus deëſſe de beaulté
Je me plains de la cruaulté
Que la villaine mort ha faict
En tuant mon oiſeau parfaict !
Mon Paſſereau de plume blonde
Qui eſtoit le plus beau du monde !
Si gay, ſi prompt, ſi vigoreux,
Si plaiſant, & tant amoureux
Qu’on ne peut oſter de mon eſme
Que ce ne fuſt Amour luy meſme !
Comme Amour æles il avoit ?
Comme Amour voller il ſçavoit ?
Comme Amour eſtoit affecté
Et ainſi plain de gayeté !
Vray eſt que d’arc ne portoit point
Mais de ſon bec poinctu, qui poinct
En lieu de fleches il s’aidoit
Faiſant aymer ceulx qu’il mordoit :
Qu’il ne ſoit vray mon cœur ardit
Depuis le temps qu’il me mordit.