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Et aimerois trop mieux la voir blasmée
De point n’aimer, que de point n’estre aimée.
Jeudy dernier je fus chez la Normande,
Où y trouvay Louise et Marguerite :
Louise est garse en bon poinct, belle et grande ;
L’autre est plus jeune, et beaucoup plus petite.
Louise assez m’embrasse et sollicite,
Mais Marguerite eut de moy son plaisir :
La grande en fut, ce croy-je, bien despite,
Mais de deux maux le moindre on doit choisir 2 .
1. Ce dizain est bien de Saint-Gelays. Le Ms. de ses
poésies en fait foi. Il n’est pas surprenant qu’on l’ait
attribué à Marot, à qui il convenoit mieux qu’à un
bénéficier, homme poli, faisant profession d’une ga-
lanterie honnête avec les dames de la cour, et qui ne
hantoit pas les mauvais lieux. Dans Marot, le nom
d’Anette a remplacé celui de Louise, et au troisième
vers on lit grasse au lieu de garce. Ce dernier vaut
mieux à cause d’ en-bon-point qui suit, dont grasse est
synonyme. l. m.
2. Ce fut la réponse de Démocrite à celui qui lui
avoit demandé pourquoi il avoit pris une petite femme :
tou xaxou, dit-il, exXoyea) 7roto’j|xevo :, 10 eXcoyi^TOv
Hzz%hù. (Anto. Monach. in Melissa> ch. cxxiv.)
L. M.
J’en aime deux d’amour bien différente,
L’une me plaist pour sa grâce et bon sens,