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Cette innocente victime,
Qu’un oracle illégitime
Vouoit à ce triste sort,
Eut soudain, à sa venue,
Plus de honte d’estre nue
Que de crainte de la mort.

Aussi la pudeur atteste
Que, sans ses fers inhumains,
Sur son visage modeste
Elle auroit porté les mains,
Et qu’à l’heure on vit les roses
En ce beau visage escloses
Prendre la place des lis,
Qui, sous cette aymable honte.
Dont l’honneur tait tant de conte,
Furent presque ensevelis.

Cette pudeur virginale,
Luy rendant le teint pareil
À la clarté matinale
Qui devance le soleil,
Jointe aux pitoyables charmes
De son poil baigné des larmes
Qu’on lui voyoit espancher,
Garda qu’elle ne fut prise
Par ce beau neveu d’Acrise,
En tel lieu, pour un rocher.

Il est bien vray que sans peine
Il auroit pu desjà mieux
Sortir d’une erreur si vaine
Par les rayons de ses yeux ;
Mais, quoy qu’ils fissent paroistre.
Ne pouvoit-ce pas bien estre
Quelques diamants aussi,
Qui sur la roche natale