Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bref, à nous si fort il ressemble,
Que j’ay pensé parler à luy.

De mainte branche de coral,
Qui croist sous l’eau comme de l’herbe,
Et dont Neptune est liberal,
Il porte un pennache superbe ;
Vingt tours de perles d’Oriant,
Riches d’un lustre variant,
En guise d’echarpe le ceignent ;
D’ambre son chef est parfumé,
Et, quoy que les ondes le craignent,
Il en est pourtant bien-aymé.

Tantost, lassé d’estre en repos
Sur un si haut et si dur siege,
Cherchant un lieu plus à propos,
Je tens aux lapins quelque piege ;
Tantost je tire aux cormorans,
Qui bas dans les flots murmurans
Tombent percez du plomb qui tue ;
Et se debattent sur ce bort,
Et leur vie en vain s’esvertue
D’eschaper des mains de la Mort.

Tantost, nous allant promener
Dans quelque chaloupe à la rade,
Nous laissons après nous traisner
Quelque ligne pour la dorade.
Ce beau poisson, qui l’apperçoit,
Pipé de l’espoir qu’il conçoit,
Aussi tost nous suit à la trace.
Son cours est leger et bruyant,
Et la chose mesme qu’il chasse
En fin l’attrape en le fuyant.

Quelquefois, bien loing ecarté,
Je puise, pour apprendre à vivre,