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Il choisit le rameau d’olive,
Pour luy-mesme annoncer la paix.

Tantost, faisant agir mes sens
Sur des sujets de moindre estofe,
De marche en autre je descens
Dans les termes du philosophe ;
Nature n’a point de secret
Que d’un soin libre, mais discret,
Ma curiosité ne sonde ;
Ses cabinets me sont ouvers,
Et, dans ma recherche profonde,
Je loge en moy tout l’univers.

Là, songeant au flus et reflus,
Je m’abisme dans cette idée ;
Son mouvement me rend perclus,
Et mon ame en est obsedée.
Celuy que l’Euripe engloutit
Jamais en son cœur ne sentit
Un plus ardent desir d’apprendre ;
Mais quand je veux bien l’esplucher,
J’entens qu’on n’y peut rien entendre,
Et qu’on se pert à le chercher.

Là, mainte nef au gré du vent
Sillonnant la plaine liquide
Me fait repenser bien souvent
À la boussole qui la guide ;
La miraculeuse vertu
Dont ce cadran est revestu
Foule ma raison subvertie,
Et mes esprits, en ce discort,
S’embrouillent dans la sympatie
Du fer, de l’aymant et du nort.

Là, considerant à loisir
Les amis du temps où nous sommes,